samedi 20 novembre 2010

USA: Les républicains veulent conserver Guantanamo à tout prix

Le procès du détenu Ahmed Khalfan Ghailani devant un tribunal civil a renforcé la volonté des conservateurs de tout faire pour en revenir aux tribunaux militaires et s'opposer à la fermeture du camp de détention. 
Ahmed Khalfan Ghailani  © AFP
 Dès son deuxième jour à la Maison-Blanche, Barack Obama avait frappé un grand coup : il avait signé un décret ordonnant la fermeture du camp de détention de Guantanamo Bay dans un délai d’un an et suspendu ses tribunaux militaires. Les Etats-Unis continueraient à combattre le terrorisme “avec vigilance”, avait-il déclaré, mais “dans le respect de nos valeurs et de nos idéaux”.

Ce programme va peut-être échouer pour de bon par la suite. Le 17 novembre, Ahmed Khalfan Ghailani a été reconnu coupable d’un seul des 285 chefs d’accusation pesant sur lui dans le cadre des attentats de 1998 contre des ambassades américaines en Afrique de l’Est. Ce Tanzanien a été le premier prisonnier de Guantanamo à être jugé devant un tribunal civil et son procès avait valeur de test : il devait permettre de déterminer si, dans de telles affaires, les juridictions civiles pouvaient se substituer aux cours martiales. Même si Ghailani encourt la perpétuité pour avoir comploté en vue de détruire des bâtiments et des biens appartenant au gouvernement fédéral américain, de nombreux républicains n’en démordent pas : les tribunaux civils ne doivent pas se substituer aux tribunaux militaires.

Peter King, le député de l’Etat de New York, promis à devenir le prochain président de la commission de la sécurité intérieure de la Chambre des représentants, et donc appelé à jouer un rôle essentiel dans les négociations sur l’avenir de Guantanamo, a qualifié ce verdict “de grave erreur judiciaire”. Et d’ajouter : “Ce verdict tragique démontre que la décision du gouvernement Obama de faire juger les terroristes d’Al-Qaida par des tribunaux civils était de la folie pure.”

Tout transfert d’un détenu de Guantanamo sur le territoire américain doit être approuvé par le Congrès, ce qui, selon Peter King, n’arrivera plus maintenant que son parti a regagné la majorité à la Chambre des représentants et plusieurs sièges au Sénat à la suite des élections de mi-mandat. “Ils n’y sont pas arrivés quand les démocrates étaient majoritaires, ce n’est pas maintenant que cela va se produire.”

Pour les défenseurs d’Obama, les critiques à propos du procès de Ghailani sont injustifiées, notamment parce que sa peine [qui sera annoncée le 25 janvier prochain] sera comprise entre vingt ans de prison et la perpétuité, donc dans tous les cas plus dure que trois des quatre verdicts rendus par les tribunaux militaires de Guantanamo. Par ailleurs, soulignent-ils, les risques potentiellement liés au jugement de terroristes présumés par des tribunaux civils, comme la crainte que soient divulguées des informations secrètes ou qu’un accusé transforme les audiences en autopromotion, ne se sont pas concrétisés.

Reste que les républicains semblent décidés. “Nous sommes en guerre contre Al-Qaida”, a tenu à rappeler le sénateur républicain Lindsey Graham. “Les membres de cette organisation et leurs complices doivent être traités comme des combattants, pas comme des criminels de droit commun.”
Non content de n’avoir pu fermer Guantanamo au cours de l’année, Obama semble aujourd’hui bien mal parti pour le faire avant la fin de son mandat, en 2012. L’autre moyen de vider le camp en renvoyant les détenus dans leur pays d’origine est également compromis, car le plus gros contingent de prisonniers restants sont originaires du Yémen. Un pays plus que jamais dans le collimateur depuis les dernières tentatives d’attentat à bord d’avions-cargos.

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