lundi 29 novembre 2010

Primaires socialistes: Ségolène Royal passe à l’offensive

Par Olivier Schmitt
La présidente de la région Poitou-Charentes vient d’annoncer, dans un entretien accordé à La Nouvelle République et Centre Presse, qu’elle était candidate à l’investiture socialiste dans le cadre des primaires du PS pour l’élection présidentielle de 2012. Si cette décision paraissait de plus en plus probable après les déclarations de Ségolène Royal en fin de semaine dernière, elle surprend par sa précocité. “J’ai longuement réfléchi et beaucoup consulté. Le moment est venu d’avancer dans la clarté et la simplicité”, a-t-elle expliqué.
Ainsi s’achève un long suspense que Ségolène Royal a soigneusement entretenu pendant des mois, loin des instances du Parti socialiste, après sa défaite face à Nicolas Sarkozy en 2007, puis en s’en rapprochant chaque semaine un peu plus, partageant les estrades avec la première secrétaire, Martine Aubry. Celle-ci a pensé, manifestement à tort, qu’elle pouvait “pactiser” avec elle comme elle l’avait fait avec le patron du FMI. L’université d’été du PS à la Rochelle avait marqué le début de ce rapprochement, puis leur présence au coude à coude dans les cortèges de protestation contre la réforme des retraites ou lors de la réunion à Paris du conseil de l’Internationale socialiste. Ségolène Royal avait même remplacé au pied levé Martine Aubry, souffrante depuis plusieurs mois d’une blessure à l’oeil, sur le plateau de France 2 pour un débat sur le conflit des retraites.
Cette entente, apparemment cordiale, ou cette paix armée, n’aura duré que le temps nécessaire à Ségolène Royal pour réoccuper l’espace politique et réapparaître aussitôt comme un challenger possible de Nicolas Sarkozy dans les sondages, certes loin derrière le patron du FMI et de la première secrétaire, mais dans un rapport de force acceptable. Le moins que l’on puisse dire est que le coup est bien joué puisqu’il place la direction du PS et Dominique Strauss-Kahn dans l’obligation de dévoiler leurs cartes bien avant le mois de juin, date prévue par le calendrier des primaires pour le dépôt officiel des candidatures.
Ainsi Ségolène Royal va-t-elle essayer de prendre une double revanche: elle n’a pas accepté sa défaite de 2007, estimant, non sans raison, que celle-ci était due, au moins pour parti, au lâchage de la plupart de ses camarades socialistes. Elle a toujours considéré aussi que la prise du PS par Martine Aubry et ses alliés n’avait pas respecté les règles de la démocratie. Nombre de ses partisans considèrent toujours que les responsables actuels du PS sont des “usurpateurs”.
Pour cette nouvelle tentative, la présidente de la région Poitou-Charentes va devoir batailler ferme. Son retard est patent dans les enquêtes d’opinion. La plupart des caciques socialistes qui l’accompagnaient en 2007 ont choisi d’autres chemins. La coalition des amis de Martine Aubry ne lui laissera pas le champ libre non plus que les clés de l’organisation du PS. Mais elle a des atouts: le premier est son envie, qui n’a jamais faibli, de mener la “bataille des batailles” pour laquelle elle ne s’est jamais sentie aussi prête, forte des leçons apprises depuis 2007. Ses concurrents, à cette date, à l’exception de Manuel Valls, Christian Pierret et Arnaud Montebourg, ne peuvent pas en dire autant. Elle séduit toujours les 18-24 ans et une partie des classes populaires. Enfin, son réseau, Désirs d’avenir, n’a jamais fermé boutique, même si la Fête de la fraternité, en septembre, n’avait pas rassemblé autant de sympathisants qu’on aurait pu le penser.
Cette annonce va-t-elle obliger la direction du parti à revoir son calendrier ? Il est trop tôt pour le dire. Mais il est certain aussi qu’elle n’aurait rien à gagner à voir galoper Ségolène Royal sur les champs de bataille sans réagir rapidement.

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