vendredi 10 décembre 2010

Iran: Incertitudes autour du sort de Sakineh Mohammadi Ashtiani

Le Monde - Entre espoirs de libération et craintes d'une manipulation, la confusion était de mise, jeudi 9 décembre, quant au sort de l'Iranienne Sakineh Mohammadi Ashtiani. En fin d'après-midi, un collectif basé en Allemagne, le Comité international contre la lapidation, a en effet annoncé sa libération, citant des "sources en Iran". Le ministre des affaires étrangères italien, Franco Frattini, a aussitôt salué une "excellente nouvelle", mais jeudi soir, aucune confirmation n'avait pu être obtenue en Iran. Certains soutiens de l'Iranienne, comme le Français Bernard-Henri Lévy, ont exprimé jeudi soir leur scepticisme : "On est peut-être en présence d'une énorme et monstrueuse manipulation." 
L'information du comité antilapidation pourrait avoir pour origine la diffusion d'une bande-annonce d'une émission sur Press TV, chaîne publique iranienne émettant en anglais. Programmée ce vendredi à minuit (21 h 30, heure française), cette émission doit être consacrée à Sakineh. Mais la chaîne n'a pas précisé si elle avait été libérée. Press TV a également diffusé des photographies de la ressortissante iranienne et de son fils Sajjad Ghaderzadeh – détenu depuis octobre – qui, précise la chaîne, ont été prises avant une interview.
Sakineh Mohammadi Ashtiani est déjà apparue par le passé à la télévision iranienne. En outre, les informations la concernant sont parfois erronées. Le 2 novembre, le Comité international contre la lapidation avait annoncé avoir appris qu'elle serait pendue le lendemain. L'exécution n'avait finalement pas eu lieu.
Jeudi soir, aucun média iranien n'a commenté jeudi soir les affirmations de ce collectif. Dans la soirée au contraire, la quatrième chaîne iranienne diffusait une émission à charge destinée à prouver la culpabilité de Sakineh et dénonçant la campagne politique et le parti pris hostile des médias et dirigeants occidentaux dans cette affaire.


"DE BONNES CHANCES POUR QUE SA VIE SOIT ÉPARGNÉE"
Sakineh a été condamnée à la lapidation pour adultère – le seul crime passible de cette sentence, selon la loi islamique en vigueur en Iran. Elle est détenue à la prison de Tabriz, dans le nord-ouest du pays. Face à l'émotion suscitée par sa condamnation – plusieurs dirigeants politiques et célébrités de différents pays ont intercédé en sa faveur –, les autorités iraniennes ont annoncé que la peine avait été suspendue mais que sa condamnation pour complicité dans le meurtre de son mari pourrait lui valoir une exécution par pendaison.
Le mois dernier, le directeur du Conseil iranien des droits de l'homme a toutefois déclaré qu'il pensait qu'il existait "de bonnes chances que sa vie soit épargnée". L'affaire a accentué les tensions entre l'Iran et l'Occident, déjà mises à mal par les ambitions nucléaires de la République islamique.

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